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18/02/2015

A.Chassaigne: « Un vent nouveau monte au sein de l'Assemblée nationale »

chassaigne4.jpgAndré Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, président du groupe Gauche démocrate et républicaine (GRD) à l'Assemblée nationale, est l'Invité du matin sur RFI.

Il réagit au micro d'Arnaud Pontus sur le passage en force de la loi Macron en France et l'ultimatum lancé par l’Eurogroupe à la Grèce.

Bien évidemment, ce n'est pas facile pour nous de voter une motion de censure qui est portée par la droite sur un texte avec des motivations de droite. (...) Il fallait 58 députés, nous ne les avions pas.

Si bien que nous allons voter sur nos propres motivations cette motion présentée par la droite parce que c'est le seul moyen que nous avons pour nous opposer à la loi Macron, puisqu'on nous empêche de nous exprimer avec le 49-3"

"On sent bien qu’il y a une espéce de vent nouveau qui monte au sein de l'Assemblée nationale avec des députés socialistes, des députés écologistes voir certains députés radicaux, qui nous rejoignent dans la remise en cause du choix libéral du gouvernement."

Je crois que c'est un échec total pour Manuel Valls. C'est un moment de vérité. Au fond, il n'y a pas de majorité pour une loi de droite dans cette Assemblée. La loi Macron est une loi de droite".Puisqu'on nous empêche de nous exprimer avec le 49.3, il faut renverser ce gouvernement pour mettre en place un gouvernement de gauche, qui applique la politique pour laquelle les Français avaient voté en 2012.


A.Chassaigne: « Cette motion nous permet de s... par rfi

02/01/2015

ANDRE CHASSAIGNE : VOEUX POUR 2015, LIER INTELLIGENCE COLLECTIVISTE ET HUMANISME

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L’expression des vœux est en politique une tâche de plus en plus difficile. Aussi sincères soient-ils, les mots, comme les bonnes intentions et les engagements, se perdent aujourd’hui dans le manque de confiance dans la parole politique. Terrible constat du fossé qui se creuse entre les citoyens et leurs élus après tant d’espoirs déçus !

Aussi, mon premier vœu sera l’expression d’une simple volonté : que la démocratie de proximité devienne enfin le levier de toute action politique et soit au cœur d’une réappropriation de l’éthique républicaine. Cette démarche exige de prendre vraiment en compte les réalités vécues, avec une grande humilité et dans le respect des différences. Je suis convaincu que c’est par une pratique de construction partagée, associant le plus grand nombre à l’élaboration des choix politiques et à leur concrétisation, que se retisseront des liens de confiance et que se renforcera notre démocratie.

Mon second vœu est que le développement du lien social soit une priorité de notre action quotidienne. Luttons contre le repli sur soi, généré par la crise et les difficultés de la vie, qui nourrit l’égoïsme et dilue la solidarité. Que ce soit un repli identitaire dans un cercle restreint ou qu’il s’exprime par un nationalisme xénophobe, le repli sur soi alimente l’amertume et le rejet de celui qui est différent. Il rabougrit la pensée et fait émerger des réponses simplistes aux problèmes de notre société, ouvrant la porte à une dérive d’extrême-droite aussi dangereuse qu’inefficace. A l’opposé, il nous faut échanger, casser les murs pour « faire du commun », partager de l’humanité pour l’épanouissement de chacun.

En liant ainsi intelligence collective et humanisme, nous placerons les responsabilités là où elles sont. En regardant vers le haut plutôt que vers le bas, chacun peut constater que la richesse s’accumule toujours davantage dans les poches de quelques-uns alors que la pauvreté est grandissante. Année après année, le capitalisme de plus en plus financiarisé et la loi du profit entraînent vers sa perte la planète et ses « locataires » que nous sommes. Il est encore temps de sortir de ce règne de l’argent et d’inventer ensemble une société pour les êtres humains.

Que cette nouvelle année soit éclairée par cette belle perspective qu’il nous faut faire grandir, jour après jour, dans les consciences. Obtenons, dès 2015, des résultats concrets pour les plus en souffrance d’entre nous. C’est avec cet espoir que je vous souhaite une bonne année.

André CHASSAIGNE, président du groupe des députés communistes et Front de Gauche à l'assemblée nationale

22/12/2014

PARVIS GEORGES MARCHAIS DEBAPTISE : L'INSULTE A LA MEMOIRE

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La nouvelle municipalité UMP de Villejuif, ainsi que les élus UDI, MODEM, FN et EELV de la ville, viennent de prendre la décision de dénommer le parvis Georges Marchais pour le rebaptiser d’un autre nom.

 Loin d’être anecdotique, il s’agit d’une tentative d’effacement de la mémoire collective et de l’action d’un élu et responsable communiste, député de Villejuif pendant 24 ans, qui a toute sa vie œuvré dans l’intérêt général pour ses compatriotes et ses administrés.

 Les députés communistes et du Front de gauche sont non seulement choqués, mais aussi personnellement blessés par une telle décision. Au-delà de l’affront inacceptable qui est fait à la mémoire et aux proches de cette grande figure progressiste de la politique française, c’est l’expression d’un sectarisme et d’un mépris à l’encontre de leur propre activité de député pour la défense des plus modestes et l’intérêt national. Cette décision est une insulte pour leur groupe parlementaire et plus largement pour l’ensemble de la représentation nationale.

 Cette posture politicienne témoigne aussi des dangereux glissements idéologiques qui gangrènent notre République, où même les usages républicains de dénomination des espaces et édifices publics deviennent enjeux de clivages et de rejet de l’histoire commune.

 Tout en exprimant la colère et la protestation de l’ensemble des députés du Front de gauche, je tiens à apporter mon soutien à la mobilisation citoyenne et républicaine, qui se développe pour s’opposer à cet acte odieux.

chasdiego.jpgJ’exprime aussi toute mon amitié à la famille de Georges Marchais, avec mes encouragements et mon salut fraternel aux camarades de Villejuif.

André Chassaigne, Président du groupe des députés Front de Gauche

03/06/2014

L’urgence d’une alternative à gauche

chassaigne3.jpgLe résultat des élections européennes de ce 25 mai 2014 marque un bouleversement majeur dans la culture politique et sociale de notre pays. C’est une nouvelle étape du glissement idéologique d’une partie importante des classes populaires vers les valeurs de repli, de renoncement et de stigmatisation.

En rassemblant plus d’un quart des votes, le Front national est, scrutin après scrutin, de plus en plus à même de renforcer l’emprise sur les consciences de ses idées de haine, de rejet de l’autre, de remise en cause des droits sociaux et humains et de ses raccourcis économiques.

Certes, il construit ses fondements sur les brèches ouvertes par 10 années de droite au pouvoir. Mais surtout, ses idées prospèrent sur le nouveau socle d’une majorité socialiste, faisant du renoncement social et de la conversion définitive au néolibéralisme l’orientation principale de sa politique.

Bien entendu, on ne peut analyser sereinement cette déflagration sans faire référence au niveau d’abstention pour cette élection ou, une nouvelle fois, plus de la moitié du corps électoral ne s’est pas déplacé. Cette abstention choisie, en pleine connaissance du risque d’un score historique de l’extrême-droite, redouble l’effet politique de ce scrutin. Une majorité de Françaises et de Français n’en peuvent plus de voir leur situation personnelle, celle de leur pays, se dégrader, tandis que l’alternance politique traditionnelle offre les mêmes recettes libérales.

On ne peut pas non plus analyser sereinement la situation, sans redonner l’historique de ce scrutin européen, marqué par un rejet d’une Europe sans résultats, qui n’offre ni modèle social novateur, ni politiques économiques créatrices d’emploi. Et que dire des choix répétés des présidents Sarkozy et Hollande de bafouer l’aspiration des Français à changer d’Europe. Que cette aspiration se soit exprimée en 2005 avec le refus du Traité Constitutionnel Européen, ou en 2012, avec la promesse abandonnée par le nouveau chef de l’Etat de renégocier le Pacte de stabilité.

Pour notre rassemblement du Front de Gauche, qui maintient les résultats obtenus en 2009, et dont le groupe de la Gauche Unitaire Européenne va sortir renforcée grâce aux progrès remarquables en Grèce, au Portugal, en Espagne, ou en Irlande, au-delà des scores d’une gauche en berne, c’est ce reflux idéologique qui doit nous interpeller et nous faire réagir.

La situation du pays et la conscience des Françaises et des Français nous imposent d’abord de ne pas baisser la tête. Elles nous imposent ensuite de bâtir rapidement une alternative crédible aux politiques d’austérité et de dislocation des valeurs de la gauche française. A la lumière de leur défiance vis-à-vis des formations de gauche, ce travail ne pourra se faire que sur la base d’une mise en commun de propositions alternatives concrètes, d’un programme de rupture, susceptible de redonner un débouché politique crédible à la détresse sociale.

Il faut également que cette alternative de gauche, nécessairement collective, s’attèle à une véritable bataille culturelle en profondeur dans tout le pays : en redonnant aux valeurs de solidarité et de progrès social, la primauté dans les échanges et les débats ; en rompant avec les poncifs néolibéraux et la compétition du tous contre tous pour substituer une culture de la coopération et de la solidarité.

André Chassaigne député communiste du Puy de Dome, président du groupe Front de Gauche à l'assemblée nationale

09/04/2014

LES DEPUTES FRONT DE GAUCHE VOTENT CONTRE LA CONFIANCE AU GOUVERNEMENT MANUEL VALLS !

chassaigne2.pngEXPLICATION DE VOTE D'ANDRE CHASSAIGNE, PRESIDENT DU GROUPE

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mes chers collègues, depuis le début de ce quinquennat l’électorat de gauche, celui qui a porté le Président de la République au pouvoir, se sent trahi.

Il a exprimé le rejet de la politique conduite en s’abstenant massivement aux municipales. C’est une grande colère, pour ne pas dire un rejet total de tout un système politique, qui a été exprimée par les électeurs qui avaient nourri des espoirs de changements en 2012.

La réponse de l’exécutif a d’abord consisté à affirmer que ce n’est pas sa politique qui a été sanctionnée, mais son manque de pédagogie. Avec pour première réponse, un changement d’équipe. Certes, monsieur le Premier ministre, vous dressez aujourd’hui un constat implacable des effets de la politique conduite depuis vingt-deux mois.

M. Philippe Vitel. C’est vrai !

M. Marcel Rogemont. Il ne faut pas oublier les cinq ans précédents !

M. André Chassaigne. Faut-il rappeler que nous n’avons cessé de vous alerter ? Pas une fois, le Gouvernement n’a pris en compte les avertissements des députés du Front de gauche. Mais aujourd’hui, que proposez-vous après votre réquisitoire ? Une accélération des réformes, qu’il faut bien qualifier de libérales, avec un renforcement des orientations fixées par les pactes d’austérité et de responsabilité.

M. Pascal Terrasse. Quelle facilité intellectuelle !

M. André Chassaigne. Il y a là plus qu’un malentendu : une terrible rupture avec les attentes populaires. Aucune réponse n’est apportée à la souffrance sociale, à la détresse économique, au déclassement des citoyens.

Or il est de la responsabilité des forces de gauche d’ouvrir un autre chemin pour construire une nouvelle alternative à gauche. Les Français, dans leur majorité, veulent un changement de cap net et clair en faveur du progrès social et de la lutte contre le chômage, chômage qui ne cesse de grimper avec un record de 3,34 millions de demandeurs d’emploi sans activité recensés fin février.

Les Français ne veulent plus des stratégies du désespoir et de la renonciation qui ont conduit là où nous en sommes. Ils ne veulent plus des promesses trahies, de l’impuissance publique organisée, des égarements et reculades dictés par la panique et des calculs à court terme.

La situation de notre pays requiert une grande détermination pour répondre aux besoins populaires. Ces besoins, nous les connaissons tous : l’emploi, le pouvoir d’achat, le logement, la santé, les services publics. La dérive politique qui a conduit le précédent gouvernement à mettre ses pas dans ceux de Gerhard Schröder et de Tony Blair doit prendre fin. Sans changement politique, ce nouveau gouvernement sera, lui aussi, condamné à l’impuissance, sans porter de nouvel espoir pour le peuple et pour le pays.

Il y a urgence à agir pour redonner du souffle à notre économie, combattre les inégalités, développer nos services publics, défendre notre modèle social.

Le premier défi à relever est une réorientation de la politique européenne, sans laquelle le changement ne sera pas envisageable.

L’adhésion de François Hollande au pacte Sarkozy-Merkel est l’acte fondateur, le péché originel de ce quinquennat. Candidat, il s’était pourtant engagé à renégocier le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, le TSCG. Ce renoncement a empêché d’emblée la réalisation du « changement » promis pendant la campagne présidentielle. Il n’y a eu ni renégociation, ni changement,…

M. Claude Goasguen. Exact !

M. André Chassaigne. …mais bien continuité avec un projet européen qui se confond de plus en plus avec un simple programme d’austérité.

Il appartient à votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, et bien sûr au Président de la République, de rebattre les cartes, de changer radicalement de stratégie. Il faut convaincre nos partenaires de la nécessité de rompre, dans l’intérêt de tous, avec la politique de déflation, de stagnation et de chômage poursuivie aveuglément à l’échelle du continent. Pas à la marge, comme vous l’avez proposé, mais avec des mesures fortes rompant avec la stratégie de soumission aux dogmes de l’orthodoxie budgétaire et libérale.

M. Marcel Rogemont. Lesquelles ?

M. André Chassaigne. Aujourd’hui, une grande partie des peuples européens refuse les politiques d’austérité inhumaines qui leur sont imposées. Ils jugent légitimement intolérable que l’on trouve toujours des milliards pour financer les banques alors que la population est mise au pain sec et à l’eau. Les 60 milliards d’euros de coupes budgétaires déjà opérées sur ordre de Bruxelles ont eu des conséquences désastreuses sur les services publics, la Sécurité sociale, nos collectivités territoriales. Cette cure d’austérité, la plus drastique de notre histoire récente, appauvrit notre pays, détruit l’emploi et les entreprises, sème la colère et la résignation.

Mais il ne suffit pas aux marchés financiers et aux multinationales de promouvoir l’austérité. Ils ont désormais une nouvelle exigence. Pour tenter de répondre à la crise des débouchés qu’ils ont eux-mêmes créée, ils voudraient imposer un traité de libre-échange transatlantique. L’objectif de ce traité est de créer une vaste zone de libre-échange par le démantèlement des règles tarifaires, réglementaires, environnementales qui protègent nos salariés et les consommateurs. La perspective de conclusion de ces négociations, menées dans la plus grande opacité et hors des règles démocratiques les plus élémentaires, fait peser une lourde menace sur les règles de santé publique, écologiques, sociales et culturelles en France et en Europe.

Ce traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis, dont vous ne dites mot, monsieur le Premier ministre, nous entraînera encore plus loin dans la folle mise en concurrence généralisée des pays et des peuples et l’obsession de la compétitivité et du libre-échange intégral. Il fait courir un grand péril aux peuples de France et d’Europe. Le groupe de la Gauche unie européenne et son candidat, Alexis Tsipras, sont déterminés à le faire connaître au plus grand nombre.

La France, monsieur le Premier ministre, doit peser de tout son poids pour s’opposer à ce projet qui barre la voie à toute perspective de construction d’une Europe sociale, cette Europe sociale qui implique au contraire de considérer la protection sociale, le salaire minimum, le dialogue social, les négociations collectives et le droit social comme autant de points d’appui pour une avancée de civilisation.

Les chefs d’État et de Gouvernement ont promis une feuille de route sur la dimension sociale de l’union économique et monétaire. Ils ne l’ont toujours pas produite faute de volonté politique – car il s’agit bien de volonté politique.

Le deuxième enjeu majeur est celui du redressement industriel, de la lutte contre le chômage et de la transition énergétique. Le temps est venu d’un tournant économique majeur et de l’abandon du pacte de responsabilité annoncé le 14 janvier dernier. Un pacte d’irresponsabilité en réalité, puisqu’il prévoit la suppression totale et sans contrepartie des cotisations familiales employeurs et n’offre aucune perspective en termes de création d’emploi.

Ce n’est pas par la baisse des dépenses publiques et la recherche de compétitivité que l’Europe et notre pays pourront sortir de la crise mais par la relance de l’investissement public et de la consommation, le relèvement des salaires, l’innovation et la promotion de l’emploi qualifié. Pour cela, il faut desserrer l’étau des contraintes que fait peser la financiarisation de l’économie sur l’activité et la pérennité de nos entreprises.

Comment la gauche pourrait-elle souscrire à l’antienne de la réduction des dépenses publiques qui réduit le périmètre des services publics et fait la part belle à la marchandisation de la société ? Une marchandisation qui sera amenée à s’accroître avec le basculement de bon nombre de collectivités dans l’escarcelle de la droite, dont les programmes proposent la suppression de bon nombre de services publics locaux. L’intérêt privé primera alors définitivement sur l’intérêt général et les logiques de rentabilité primeront sur les logiques de solidarité. Et ce primat sera renforcé par la feuille de route que vous venez de dévoiler s’agissant de l’évolution institutionnelle. Sous couvert de modernisation, l’objectif recherché est de créer des territoires d’excellence, de compétitivité, au détriment d’une France équilibrée et solidaire.

M. Marc Dolez. Eh oui !

andré chassaigne,députés,manuel valls,politique générale

M. André Chassaigne. Il faut que la gauche retrouve l’audace d’affirmer, contre l’artillerie lourde des idéologues libéraux déguisés en éditorialistes, qu’il existe une alternative à la fuite en avant libérale vers toujours plus d’inégalités, toujours plus de précarité, toujours plus de misère pour le seul bénéfice d’une poignée de nantis.

Vous avez confirmé votre volonté de vous attaquer au coût du travail en multipliant les exonérations de charges pour les entreprises. Mais, vous n’avez pas dit un mot, monsieur le Premier ministre, sur le coût du capital. Pas un mot ! N’est-ce pas le meilleur révélateur du choix libéral qui est le vôtre ? Pourtant, les arguments qui font de la baisse des cotisations sociales un moyen de lever les freins à l’embauche, de créer ou de sauvegarder des emplois ne reposent sur aucun constat empirique. Vingt ans d’exonérations de cotisations sociales sur les bas et moyens salaires n’ont pas permis de sortir de l’ornière. Bien au contraire, elles ont eu pour résultat de paralyser notre économie en favorisant les bas salaires, de dissuader le développement de l’emploi qualifié, de fragiliser notre système de protection sociale.

Des solutions alternatives existent. Nous les défendrons avec tous ceux qui souhaitent se rassembler à gauche.

Pour baisser les charges financières des entreprises, nous proposons un nouveau crédit bancaire pour les investissements matériels et de recherche à des taux d’intérêt d’autant plus faibles que ces investissements programmeraient plus d’emplois et de formations correctement rémunérés. Un pôle financier public incluant la Banque publique d’investissement aurait pour mission de déployer ce nouveau crédit. Les députés du Front de gauche proposent également une modulation du taux de cotisation sociale patronale qui soit favorable à l’emploi, à la formation, aux salaires, et pénalisante pour la croissance financière des capitaux.

Si François Hollande avait écouté les Français – si vous les aviez, monsieur le Premier ministre, vraiment écoutés –, vous auriez annoncé un grand plan de justice fiscale et sociale, des investissements pour les services publics, une hausse du SMIC, un soutien aux collectivités locales et l’interdiction des licenciements boursiers.

La réduction de 50 milliards d’euros de dépenses publiques et la baisse des impôts et des cotisations sont incompatibles avec les efforts annoncés en faveur de la santé, de l’éducation et de la jeunesse.

Quant à la transition énergétique, il appartient, en effet, à la gauche d’en relever le défi. Mais n’oublions pas l’essentiel : une réelle transition énergétique, très économe en carbone, suppose de réorienter profondément les critères de financement des investissements et de gestion des entreprises, en substituant aux critères de rentabilité des critères sociaux et environnementaux et en donnant de nouveaux droits et pouvoirs aux salariés et aux citoyens. Cela suppose aussi la maîtrise démocratique des circuits de financement de l’économie.

Nous voyons ici combien il importe de redonner sens à un projet collectif capable d’offrir à notre jeunesse d’autres perspectives que l’austérité et le déclin.

Proposer un pacte républicain est le troisième enjeu. Notre société est, aujourd’hui, sous tension, en quête de sens, vous l’avez dit, monsieur le Premier ministre, et incertaine de ses valeurs communes.

Cette crise identitaire est d’abord une crise de l’égalité. Les inégalités sociales et territoriales continuent de structurer une société incapable de conjuguer le respect du singulier et la définition du commun. L’atomisation et le cloisonnement de la communauté nationale ont engendré une citoyenneté à plusieurs vitesses dont l’inégalité sociale, davantage que l’hétérogénéité culturelle des populations, demeure la matrice. La pauvreté, la relégation, le sentiment d’injustice conduisent à cultiver les divisions et les antagonismes qui sapent toujours un peu plus le sentiment d’appartenance à une « communauté commune ». (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

Au dévoiement des valeurs républicaines, nous devons donc, plus que jamais, opposer les valeurs de solidarité, de démocratie et de cohésion sociale. Dans ce combat, notre pays ne peut ni ne doit craindre ou mépriser l’immense apport humain et matériel que constitue la présence des immigrés en France. Il faut réaffirmer que l’immigration n’est pas un problème et refuser la ghettoïsation de la société, les processus de relégation sociale et territoriale, combattre l’obsession du refoulement des étrangers, rejeter la stigmatisation des personnes à raison de leur appartenance à des communautés particulières.

Il faut sortir des calculs à courte vue dictant les postures politiciennes. L’enjeu n’est pas le score aux prochaines élections de telle ou telle formation politique ou de telle ou telle personnalité. L’enjeu, c’est la France. L’enjeu, c’est l’Europe. L’enjeu, c’est leurs peuples. C’est pourquoi nous avons été, depuis le début de cette législature, porteurs de propositions ambitieuses. Et nous continuerons à travailler, avec tous ceux qui le souhaitent, à la construction d’une vraie politique de gauche.

Monsieur le Premier ministre, nous regrettons que votre feuille de route s’inscrive dans la continuité des erreurs commises jusqu’alors. Augmentation de la fiscalité indirecte, flexibilisation du marché du travail, réduction à marche forcée des déficits publics, baisse massive des cotisations : ce ne sont pas là des solutions à la crise. Nous pensons au contraire que ces mesures ne feront qu’entretenir la crise et en aggraver les conséquences désastreuses pour nos concitoyens.

En conséquence, et en toute logique, nous ne voterons pas la confiance à votre gouvernement. (Exclamations sur quelques bancs du groupe SRC.) Ce que nous proposons à la majorité et à nos concitoyens qui voient s’accumuler les difficultés, c’est la construction d’une alternative pour porter une véritable politique de transformation sociale, une véritable politique de gauche. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

14/12/2013

L'intervention d'André Chassaigne lors du débat à l'Assemblée nationale sur l'intervention en Centrafrique

andré chassaigne, centrafrique, Opération SangarisJe m’associe bien évidemment, au nom de mon groupe, à l’hommage rendu aux soldats morts en Centrafrique.
A peine un an après l’engagement de la France au Mali, notre pays se lance dans une nouvelle opération sur le continent africain. En République Centrafricaine.

Après l’opération Serval, qui devait s’achever en juillet dernier, le président de la République vient, ainsi, de déclencher l’opération « Sangaris » qui se traduit par le déploiement de 1600 soldats français.

Il s’agit là de la cinquantième intervention française en Afrique subsaharienne depuis les indépendances d’il y a 50 ans.
Cette intervention en Centrafrique s’inscrit dans une longue lignée d’opérations menées par les troupes françaises dans cette colonie, indépendante officiellement depuis 1960, en proie à la pauvreté, à l’instabilité et aux conflits. Autant d’interventions qui n’ont jamais permis de répondre aux maux qui gangrènent la Centrafrique.

La Centrafrique, si elle n’est pas dénuée de ressources naturelles, est classée parmi les Etats les plus pauvres de la planète, occupant la 171ème place sur 177 selon le classement de l’Indicateur de développement humain du Programme des Nations-Unies pour le développement. La France y est le premier investisseur.

Il est impossible, dès lors, de prendre part à ce débat sur l’engagement des troupes françaises en Centrafrique sans ouvrir le dossier de la Françafrique.

Tous les 10 ans ou presque, un président de la République Centrafricaine chasse l’autre par un coup d’Etat, derrière lequel la France n’est jamais très loin. Le peuple Centrafricain a ainsi vu défiler des personnages insensibles à son sort, aussi corrompus qu’irresponsables. Les uns après les autres, les dictateurs ont été choisis et maintenus, au gré de « nos intérêts » entre guillemets, mais aussi pour protéger des bases militaires françaises dans ce pays considéré comme un « porte-avions » au centre de l’Afrique, utilisé lors des nombreuses interventions militaires dans la région.

La France n’est pas étrangère à la situation chaotique que connaît ce pays. Elle porte une lourde responsabilité historique dans la tragédie centrafricaine. Elle n’est donc pas la plus qualifiée pour intervenir. C’est un paramètre que nous ne pouvons ignorer même si, je le dis clairement, il n’est pas question de tergiverser pour la protection des populations civiles, premières victimes des violences sanglantes qui déchirent ce pays.
M. le ministre des Affaires étrangères a déclaré, face à la communauté française de Bangui le 13 octobre dernier – je cite : « sachez que l'amitié traditionnelle qu'a portée la France à la Centrafrique, nous voulons la manifester de nouveau pour aujourd'hui et pour demain ».
Pourtant, notre histoire commune est marquée par de sombres affaires. Nous gardons en mémoire le pitoyable sacre de l’ancien sous-officier de l’armée française devenu l’Empereur Bokassa 1er en présence de la diplomatie française. Malgré ce soutien, le président Valéry Giscard d’Estaing a décidé de débarquer son ancien ami devenu trop encombrant, incontrôlable, qui menaçait nos intérêts, pour réinstaller au pouvoir le président David Dacko, pour ensuite favoriser la dictature du général Kolingba. Il sera remplacé par le dictateur Ange Félix Patassé qui sera, quant à lui, chassé du pouvoir en mars 2003 par le général Bozizé. Un jeu de chaise musicale orchestré impunément par l’ancienne puissance coloniale.
En 2007, face à la multiplication des mouvements rebelles sous influence soudanaise et tchadienne, les parachutistes français sautent sur Birao, dans le nord de la République Centrafricaine.

C’est de ce nord musulman qu’est venue en décembre 2012 l’offensive des rebelles de la « Séléka » qui, le 24 mars dernier, porta au pouvoir Michel Djotodia. Dans un réflexe hérité de l’histoire, le président Bozizé a vainement appelé à l’aide la France avant de prendre la fuite.
C’est ainsi que l’actuel président centrafricain Michel Djotodia est arrivé au pouvoir avec le soutien des rebelles de la Séléka, qui sont devenus ses propres ennemis. Michel Djotodia qui en a appelé à la France après avoir dissout la coalition rebelle de la Séléka.
Aussi, au regard de notre Histoire en Centrafrique, on peut légitimement s’interroger sur les différentes motivations d’une énième intervention dans l’ancienne colonie.

L’ordre du jour réel du « Sommet pour la paix et la sécurité en Afrique » qui s’est tenu à Paris, il y a quelques jours, était clair : avant de parler de paix et de sécurité, Paris et ses alliés du continent africain se sont intéressés à leurs préoccupations économiques et financières. Ce sommet était avant tout une offensive diplomatique pour la sauvegarde des intérêts de la France en Afrique.
Riche de ses ressources naturelles – mines d’or, de diamants, de mercure, d’uranium, de fer, mais aussi culture de manioc, de bananes, de maïs, de café, de tabac, de coton, de canne à sucre, une forêt de 3,8 millions d’hectares aux essences précieuses – la République centrafricaine suscite l’intérêt du monde des affaires et du monde politique.

Pourtant, ce n’est pas de cet intérêt dont le peuple centrafricain a besoin. Le peuple centrafricain a besoin que nous l’aidions à profiter pleinement de ses richesses et que nous l’aidions à mettre fin à la situation de confiscation du pouvoir politique et économique aux mains de quelques-uns. Car, les germes de la crise actuelle sont aussi d’essence économique et sociale.
Le peuple centrafricain a besoin du soutien de la communauté internationale pour que cessent les massacres qui se multiplient, alors que les affrontements entre les milices Séléka et antibala-ka terrorisent la population civile.
La terreur et la misère ont déjà poussé un demi-million de réfugiés dans des camps de fortune.
Aussi, je le redis, il n’est pas question de tergiverser pour la protection des populations civiles.

Pour autant, il convient d’agir avec discernement pour ne pas reproduire les erreurs du passé. C’est pourquoi, dans les circonstances que je viens d’évoquer, il revient aux Africains et à la Communauté internationale de réagir pour aider ce peuple en danger.
Or, derrière le paravent de la résolution onusienne (autorisant le recours à la force), la réaction internationale est en réalité d’inspiration franco-française et sa teneur est purement militaire.
En effet, le texte, adopté à l'unanimité des 15 pays membres du Conseil sur proposition de la France autorise les soldats français en Centrafrique à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'accomplissement de son mandat ». Dans le cadre de l'opération Sangaris, la France va tripler son contingent sur place.
L’Afrique demeure donc un terrain d’actions militaires pour la France.

Ce qui fait d’ailleurs regretter à Amnesty International et à la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), qui ont pris acte de cette résolution, l'absence de mise en place plus rapide d'une véritable force de maintien de la paix des Nations unies.
Vous l’avez compris, nous avons, pour qualifier le sentiment qui nous anime, un réel malaise face à cette intervention.
Nous pensons, en effet, que la France n’a pas vocation à jouer le rôle de gendarme de l’Afrique. Les valeurs anticoloniales, toujours défendues par les communistes, nous l’interdisent.

Ces valeurs de solidarité doivent, au contraire, nous pousser à mettre sur pied un partenariat équitable et durable, un système d’aide au développement plus efficace, plus proche des populations. Elles nous obligent également à rompre définitivement avec la Françafrique et à encourager les démocrates africains et les diasporas militantes, pour faire tomber les honteuses tyrannies africaines qui n’ont que faire des peuples qui ne cessent de s’appauvrir. Ces dictatures qui préfèrent défendre les intérêts des firmes privées, tentaculaires, exploitant aujourd’hui 80 % des gigantesques gisements africains, et dont les bénéfices sont rapatriés dans des paradis fiscaux.

Notre pays a une dette morale considérable envers le peuple de Centrafrique. Une dette qui nous oblige à reconnaître que nous n’étions pas les mieux à même pour intervenir dans la situation dramatique qui le frappe.
Nous sommes attachés au multilatéralisme et donc favorables au recours à une force d'interposition sous l’égide de l'ONU. Mais une force qui soit multilatérale. Cela suppose que la France ne soit pas la seule à être impliquée, sur le terrain, aux côtés de la Misca. C’est la communauté internationale, dans son ensemble, qui doit être mobilisée. Cette force doit avoir pour mission de créer les conditions d'un cessez-le-feu, d'un secours organisé aux populations en détresse et d’ouvrir la voie à l'État de droit. Elle ne le pourra que si elle ne peut être soupçonnée d’agir au nom d’intérêts à préserver dans une ancienne colonie.

C’est en « lanceur d’alerte » que je m’adresse aujourd’hui à vous : les interventions militaires françaises vont à contre-courant de l’Histoire. La mission de la France, c’est de défendre la stabilité et la paix des peuples en Afrique. Notre pays n’a pas vocation à défendre des dictatures et des Etats artificiels. La mission de la France, pour être en harmonie avec ses valeurs et ses idéaux des Lumières, n’est pas d’être le gendarme de l’Afrique. Elle est de remiser les visions géo-stratégiques nées du temps de la colonisation pour en écrire d’autres, respectueuses des peuples, de leurs richesses et de leur souveraineté. C’est ainsi que la France se grandira.

29/10/2013

La « leçon de choses » d’un député « ordinaire »

 chasagne.jpgChaque fin de semaine est pour le député que je suis un moment privilégié de l’exercice de mon mandat. Au-delà du bonheur de respirer à nouveau l’air du pays, le face à face avec la population est riche d’enseignements. Ce dernier week-end d’octobre, je n’aurai pas échappé à ce que j’appelle « la leçon de choses du député ordinaire ».

 Ainsi, ma participation à l’Assemblée générale de la dynamique Association Départementale des Retraités Agricole (ADRA). Les anciens paysans, femmes et hommes, sont plus de 200, porteurs de leur quotidien de retraités quasiment tous en dessous du seuil de pauvreté. Ils attendaient beaucoup de la nouvelle majorité, encouragés qu’ils étaient depuis 10 ans, à chaque Assemblée générale, par les envolés lyriques des députés socialistes du département promettant des mesures d’envergure pour remédier à la déplorable situation des travailleuses et travailleurs de la terre.

 Au final, l’engagement de porter progressivement à 75 % du SMIC le montant des pensions des carrières complètes des chefs d’exploitation… Une mesure au minima se limitant à mettre simplement en application en 5 ans une décision du gouvernement de gauche en 2002 ! La déception est tellement prégnante, avec une colère retenue, que je me garde bien d’en rajouter, me limitant à souligner ce qui me paraît essentiel : alors que notre pays compte seulement un exploitant agricole actif pour 3,1 retraités, la seule solution est bien évidemment de mobiliser d’autres recettes avec notamment une taxe sur le chiffre d’affaires de l’industrie agroalimentaire, de la grande distribution alimentaire, des banques agricoles, de l’industrie du matériel agricole et des intrants. Le député socialiste présent répond « compétitivité de notre économie » et essaie de s’en sortir en rappelant… les échecs des régimes communistes du siècle dernier ! Le même m’a traité en effet de « stalinien » quand je me suis opposé, à la tribune de l’Assemblée nationale, à la réforme des retraites portée par le gouvernement. Je mesure alors les dégâts dans les regards des participants…

 J’assiste aussi à l’Assemblée générale de l’Association des Maires du Puy-de-Dôme. Dans les salons de l’Hôtel-de-Ville de Clermont-Ferrand, je sens que les élus ruraux rongent leurs freins. Les questions « qui fâchent » émergent cependant, marquant là-aussi déception et colère. D’abord le découpage des nouveaux cantons, résultat d’une double volonté : réduction de la représentativité des populations rurales ; charcutage électoral au profit du Parti Socialiste. Mais aussi les diverses mesures qui portent atteinte à nos communes rurales : suppression du PLU communal au profit de l’intercommunalité, suppression de l’assistance technique apportée par l’Etat aux petites communes pour leurs investissements (ATESAT). Le Préfet s’efforce d’apporter des réponses apaisantes, les parlementaires socialistes d’en atténuer la portée… mais la réalité est là… et je mesure une fois encore les dégâts d’une politique dévastatrice pour nos territoires.

 Fort heureusement, deux autres manifestations m’ont apporté un réel plaisir : la pose de la première pierre d’une école rurale et l’inauguration de nouveaux locaux d’une mairie. Parents d’élèves et population locale étaient dans les deux cas présents en nombre autour de leurs élus. Deux vrais moments de bonheur avec cette belle richesse qu’est le « vivre ensemble » au cœur de ces foyers de démocratie que sont les communes… ces communes que l’on veut effacer de la carte institutionnelle au profit de la compétitivité des métropoles.

 

Chronique d'André Chassaigne, député communiste du Puy de Dome, publiée dans le journal La Terre